Louer sa maison pour un tournage fait rêver : voir son salon à la télé, accueillir une équipe de cinéma, encaisser plusieurs milliers d’euros… et, idéalement, retrouver son canapé entier à la fin. En tant que Stéphane, expert immobilier passionné, je vous propose un tour d’horizon complet – et un peu décalé – pour transformer votre logement en décor de film sans transformer votre quotidien en film d’horreur.
Pourquoi louer sa maison pour un tournage peut être une excellente idée
Avant de parler contrats et câbles qui traînent partout, commençons par les avantages très concrets.
- Une rémunération attractive : selon le type de production (pub, long-métrage, série, shooting photo), la localisation et le standing, la location d’une maison pour un tournage peut rapporter de quelques centaines à plusieurs milliers d’euros par jour.
- Une valorisation de votre bien : un lieu déjà utilisé pour des tournages rassure les repéreurs et les agences. Votre maison devient une « valeur sûre » du décor, un peu comme un bon élève qu’on rappelle pour tous les exposés.
- Une expérience unique : voir comment se fabrique un film ou une publicité, échanger avec les équipes, découvrir votre maison sous un autre angle (et sous 12 projecteurs)… c’est souvent un souvenir marquant pour toute la famille.
Évidemment, tout cela a un prix : un tournage, c’est du monde, du matériel, du bruit et une organisation millimétrée. D’où l’importance de bien préparer le terrain.
Quel type de maison intéresse les équipes de tournage ?
Bonne nouvelle : il n’y a pas que les villas de luxe avec piscine à débordement qui intéressent les productions. Les repéreurs recherchent avant tout des lieux « crédibles » pour raconter une histoire.
Les maisons les plus demandées sont souvent :
- Les maisons familiales contemporaines : grandes pièces de vie, cuisine ouverte, baies vitrées, jardin, déco actuelle. Parfait pour les pubs, les séries et les émissions TV.
- Les appartements haussmanniens ou de caractère : moulures, cheminées, parquet, hauteur sous plafond. Idéal pour les films, les shootings mode et les fictions « chic ».
- Les lieux atypiques : lofts, maisons d’architecte, granges rénovées, maisons en bois, intérieurs très design ou au contraire restés « dans leur jus » années 60–70.
- Les maisons avec extérieur exploitable : jardin, terrasse, piscine, vue dégagée, cour intérieure… tout ce qui permet de tourner en extérieur sans trop de contraintes.
Ce qui fait vraiment la différence :
- de grands volumes (pour loger caméras, lumières et 15 personnes dans le salon) ;
- une bonne luminosité naturelle ;
- un accès facile (stationnement des camions, monte-charge ou escalier large, pas 8 étages sans ascenseur) ;
- un environnement calme (le voisin qui perce tous les jours à 8h, c’est non).
Combien peut-on gagner en louant sa maison pour un tournage ?
Les tarifs varient selon plusieurs critères : localisation, surface, standing, type de production, durée du tournage.
À titre indicatif, on observe généralement :
| Type de bien | Zone | Ordre de grandeur par jour |
|---|---|---|
| Appartement ou maison standard | Province | Environ 500 € à 1 000 € |
| Maison familiale haut de gamme | Grande ville / proche métropole | 1 000 € à 2 000 € |
| Lieu d’exception (villa, loft, vue rare) | Paris / zones très recherchées | 2 000 € à 5 000 € (voire plus pour la pub) |
À cela peuvent s’ajouter :
- des frais de préparation (montage/démontage, repérages) ;
- des indemnités supplémentaires si certaines pièces sont particulièrement sollicitées ou si le tournage se fait de nuit ou le week-end.
Important : ces revenus sont à déclarer. Ils peuvent être assimilés à des revenus fonciers ou à des bénéfices non commerciaux selon votre situation. En cas de doute, un échange avec votre expert-comptable ou votre conseiller fiscal évitera que le fisc ne transforme votre belle histoire en thriller.
Comment proposer sa maison pour un tournage ?
Pour que les productions vous trouvent, il faut être visible là où elles cherchent.
Les principales options :
- Les agences de repérage spécialisées : elles référencent des maisons, appartements, lofts, lieux atypiques et gèrent le lien avec les productions. Vous créez une fiche détaillée avec photos, description, accès, contraintes… Elles prennent une commission mais sécurisent le process.
- Les plateformes dédiées aux tournages et shootings : vous créez votre annonce, indiquez vos disponibilités, vos conditions, vos tarifs indicatifs. Les repéreurs et boîtes de production vous contactent ensuite directement.
- Les commissions du film locales : certaines collectivités disposent d’un service dédié à l’accueil des tournages. Elles peuvent intégrer votre maison à leur base de décors potentiels.
Pour maximiser vos chances :
- soignez vos photos (lumière naturelle, pièces rangées, angles larges) ;
- décrivez précisément les surfaces, l’orientation, les accès, les possibilités de stationnement ;
- mentionnez clairement vos contraintes (pas de nuit, pas de tournage dans certaines pièces, présence d’animaux, etc.).
Si vous envisagez plus largement de valoriser votre patrimoine immobilier (location classique, investissement, revente), un passage par un outil d’analyse comme le tensiomètre locatif peut aussi vous aider à arbitrer entre tournage, location meublée ou autre stratégie.
Contrat, assurance, état des lieux : les points juridiques à ne jamais négliger
C’est la partie moins glamour, mais c’est elle qui vous évite de tourner la suite de « Mission impossible » avec votre assureur.
Avant tout tournage, exigez :
- un contrat de mise à disposition écrit, signé par la société de production, précisant : dates, horaires, pièces utilisées, montant et modalités de paiement, nombre de personnes présentes, responsabilités en cas de dégâts, conditions d’annulation ;
- une attestation d’assurance responsabilité civile professionnelle de la production, couvrant les dommages matériels et corporels causés pendant le tournage ;
- un état des lieux d’entrée et de sortie, idéalement avec photos, comme pour une location classique.
En parallèle, informez votre propre assureur que vous allez louer votre maison pour un tournage. Certaines garanties doivent être adaptées, d’autres excluent ce type d’usage. Mieux vaut le savoir avant qu’un projecteur ne rencontre malencontreusement votre verrière.
Si votre bien est en copropriété, vérifiez aussi le règlement et, si besoin, inspirez-vous des bonnes pratiques de gestion d’immeuble détaillées dans le guide sur la vente en copropriété : même combat, il s’agit d’anticiper les frictions avec vos voisins.
Comment préparer sa maison pour un tournage (sans devenir fou)
Un tournage, c’est un peu comme recevoir 30 invités qui viennent tous avec des câbles, des projecteurs et des idées très précises sur l’endroit où poser le canapé.
Pour que tout se passe bien :
- Désencombrez : plus les pièces sont dégagées, plus les équipes peuvent circuler et installer leur matériel.
- Protégez : tapis de protection au sol, housses sur certains meubles, objets fragiles rangés dans une pièce fermée à clé.
- Clarifiez les zones interdites : chambres, bureau, dressing… signalez clairement ce qui n’est pas accessible.
- Organisez la logistique : où se garent les camions ? Où se fait la restauration ? Où l’équipe peut-elle se changer ou se maquiller ?
Le jour J, prévoyez d’être présent (ou de mandater quelqu’un de confiance) pour répondre aux questions, valider les ajustements et veiller au respect du contrat. Vous n’êtes pas là pour réaliser le film, mais pour protéger votre décor.
Les risques et inconvénients à avoir en tête
Louer sa maison pour un tournage reste une activité ponctuelle, avec quelques contraintes à anticiper :
- Fatigue et bruit : une journée de tournage peut commencer tôt, finir tard, et impliquer beaucoup d’allers-retours.
- Usure accélérée : même avec toutes les précautions du monde, une équipe de 20 à 40 personnes qui circulent laisse plus de traces qu’un dîner entre amis.
- Vie privée : votre intérieur devient un lieu de travail. Si vous êtes très attaché à votre intimité, ce n’est peut-être pas la meilleure option.
- Aléas de planning : changements de dates, annulations, reports… le monde de l’audiovisuel n’est pas toujours un modèle de stabilité.
La clé, c’est de considérer cette activité comme un complément de revenus opportuniste, pas comme une rente garantie. Si vous avez besoin d’un flux régulier, une location plus classique restera souvent plus prévisible.
Faut-il se lancer ? Le regard (un peu taquin) de l’expert
Si votre maison coche plusieurs cases – volumes, luminosité, accessibilité, déco soignée – et que vous êtes prêt à accepter un peu de désordre temporaire contre une belle rémunération, louer votre maison pour un tournage peut être une excellente opération.
Si, en revanche, chaque rayure sur le parquet vous empêche de dormir, que vos voisins sont déjà à deux doigts de créer un comité anti-bruit, ou que vous détestez l’imprévu, mieux vaut garder votre logement pour des usages plus classiques.
Comme souvent en immobilier, tout est question d’arbitrage entre rentabilité, confort et tranquillité. À vous de voir si vous préférez que votre maison devienne une star de cinéma… ou qu’elle reste simplement le décor discret de votre propre vie.
